13 mars 2008

Comparatif de supériorité

Une semaine avant l'événement qui allait déterminer toute sa vie.
J. était prête, confiante, une volonté d'enfer, rien ne pouvait lui massacrer le moral, utilisatrice chevronnée de la "méthode coué", elle continuait vers le chemin de la réussite tel Léonidas face à Xerxès.
Mais la mère de J. tomba malade.
J. fonce aux urgences sans quelques soucis. Tout d'abord J. n'a pas de voiture et doit effectuer ses trajets à l'aide du bus de son village qui passe une fois toutes les heures quand elle a de la chance. De plus sa mère l'a prévient qu'elle a peut-être perdue sa carte vitale dans une pharmacie qui se situe à mi-chemin entre le domicile de J. et l'hôpital. J. pensait réviser son examen...
La carte n'était pas à l'endroit dit mais dans la voiture (quelle chance) du petit ami de sa mère qui se trouve à 30 km de son village...
Ce n'est pas grave, les médecins comprendront se dit J.
J. passera huit heures aux urgences sans savoir exactement si sa mère, dont la douleur s'offre en spectacle, restera pour la nuit ou pas.
L'attente aux côté de sa mère souffrante se ponctuera de plusieurs moments, J. lui fera la lecture comme elle le fera à ses futurs enfants, l'accueil de l'hôpital lui précise que l'abscence de la carte de sa mère n'est pas une difficulté insurmontable et que le paiement se fera plus tard mais le médecin s'étant occupé d'elle demande un paiement immédiat car chaque médecin doit faire en sorte de se faire payer personnellement (pensée de J.:"Un poulet et une tarte aux pommes, ça vous irez?")
Le problème c'est que sa mère n'a ni carte bleue ni chéquier à cause de cette crainte bien connue:"on me les a volé une fois, cela pourrait recommencer, et puis, ça sert à rien"...
Du coup J. serait dans l'obligation de faire le chèque au médecin si sa mère sortait le soir même. Oui, J. n'a pas suivi les conseils de sa mère, elle a un chéquier car sa mère est plus intelligente qu'elle.
Sauf que J. est au chômage, galère financièrement mais bon, tout cela n'est pas grave vu que sa mère a plus d'argent qu'elle, ça ne posera qu'un petit problème.
Pourvu que J. puisse avoir de quoi pour payer son train afin d'aller à son centre d'examen la semaine prochaine.
Un ami de J. l'appelle et lui propose de manger avec elle, enfin un peu de détente et de nourriture, elle n'avait pas mangé de toute la journée.
Elle appelle ensuite l'hôpital pour savoir si sa mère reste ou sort, finalement vers huit heures du soir elle apprend que sa mère reste à l'hôpital.
J. se met au lit et se repose en se disant que les révisions se feront demain...
Le lendemain, J. a pour mission de prévenir les deux patrons de sa mère pour expliquer son abscence, elle retourne à l'hôpital pour avoir ces numéros depuis le portable de sa maman. Une fois cela fait elle la lave car personne ne s'en est occupé.
Le copain de sa mère se décide à venir l'après-midi à l'hôpital.
J. rentre et s'endort sur sa grammaire grecque, les révisions se feront demain...
Le jour suivant, retour à l'hôpital, sa mère a une sérieuse infection aux reins, le traitement nécessite des antibiotiques et du repos. Entre temps J. a prévenu son frère que leur mère était malade et celui-ci l'a donc appelée pour savoir comment elle allait. Et là J. apprend que sa mère a annulé le rendez-vous familial de la semaine suivante. En effet J. finit ses examens le 19 mars, jour anniversaire de sa mère et avait tout organisé pour fêter cela en famille chez son frère qui habite dans une grande ville.
J. comprend tout à fait la décision mais s'énerve de la suite des événements.
Sa mère lui explique qu'elle se fout de fêter son anniversaire, qu'elle ne peut pas partir le week-end car elle danse au bal du village et que c'est vital pour elle, que son copain est vraiment très bien car il a passé quatre heures avec elle à l'hôpital, qu'elle a encore plus mal que J. quand elle est malade, que sa fille ne comprend pas la souffrance qu'elle endure et que personne ne le peut car jamais quiconque n'a ressenti ce que, elle, elle ressent, qu'elle a plus vécu que sa fille et qu'elle comprend mieux les choses qu'elle... Cependant sa mère n'a toujours pas compris que l'événement déterminant de la sa fille se déroule dans moins d'une semaine...J. est en colère mais n'en veut pas à sa mère, elle s'en veut à elle-même de cette façon dont elle est touchée par les réactions de sa mère, combien de temps cela va-t-il encore marcher?
Le jour suivant la mère de J. est rentrée chez elle et son copain est venu la chercher pour s'occuper d'elle pendant une semaine, il ne serait donc pas étonnant qu'un jour vous entendiez que J. fût une fille indigne, qui abandonna sa mère par égoïsme, cela ne sera pas dit ainsi mais insinué d'une façon ou d'une autre.
J. a aussi reçu un courrier de la CAF lui disant qu'elle n'avait plus droit aux allocations logements...J. doit vite faire signer un document au nouveau propriétaire qui a acheté l'immeuble dans lequel elle est locataire sauf que ce propriétaire est une société parisienne dont le numéro de téléphone est inconnu...
J. en a marre...
J. est à J-3...

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